LE GOUROU DEMASQUE: L. RON HUBBARD

Chapitre 13: Apôtre de la dernière chance"

La fondation de la première église de scientologie fut une étape capitale de la vie personnelle de L. Ron Hubbard comme de l'histoire de la Dianétique et de la Scientologie. Elle marquait l'aboutissement des principes de nature religieuse datant des premiers stades de sa recherche qui, à l'évidence, s'était toujours exercée dans le domaine de la religion. (Mission into Time,1973.)

Depuis son retour d'Europe en Automne 53, Hubbard préparait la métamorphose de la scientologie en église. Sa décision venait de considérations financières, les églises bénéficiant d'avantages fiscaux substantiels, et pratiques, Hubbard estimant que ce statut rendrait la Scientologie moins vulnérable aux attaques de ses "ennemis". En outre, la conjoncture était favorable : les Etats-Unis connaissait un renouveau de religiosité, perceptible par exemple dans les croisades de l' évangéliste Billy Graham. Les Églises voyaient affluer les nouveaux adeptes. Le président Dwight D. Eisenhower lui-même déclarait fin 1952 : "Notre système de gouvernement n'aurait aucun sens s'il ne s'appuyait sur une quelconque mais profonde foi religieuse.

Hubbard s' empressa donc de sauter dans le train en marche.

En Décembre 1953, il fit enregistrer à Camden, New-Jersey, les statuts de l'Église de scientologie avec ceux de deux autres, la Church of American Science (Église scientiste d'Amérique) et la Church of Spiritual Engineering (Église d'ingénierie spirituelle). L'Église de scientologie de Californie suivit le 18 Février 1954, suivie par Scientology Washington D.C. Jusqu'à fin 54, Hubbard incita ses "franchisés" à convertir leurs associations respectives en Églises, si bien que les anciens dirigeants de l'HASI adoptèrent le titre de pasteur, certains allant même jusqu'à vétir de l'uniforme ecclésiastique et se faire appeler " Révérend" . Début 55, estimant que les droits constitutionnels de son Église seraient mieux protégés par les lois fédérales que par celles des États, Hubbard transféra son Q.G. de Phoenix à Washington. La famille suivit : Mary Sue, toujours enceinte, et ses deux jeunes enfants, sans oublier Nibs avec sa femme Henrietta, enceinte elle aussi. Le 13 Février, Mary Sue accoucha d'une fille, Mary Suzette, son troisième enfant en un peu moins de trois ans de mariage. De la banlieue résidentielle de Silver Springs où il avait installé sa famille, Ron reprit sa correspondance avec la division anti-communiste du FBI. Le 11 Juillet 55, il écrivit une lettre de trois pages pour se plaindre de communistes et de comptables malhonnêtes voulant le détruire avec la complicité d'agents du fisc félons, accusations tellement ineptes que l'agent destinataire se borna à griffonner en marge : "Semble fou ". Par la suite, le FBI ne se donnera même plus la peine de répondre aux élucubrations d'Hubbard.

Au vif regret des Incorruptibles, ce dédain ne le guérit pas de ses loghorrées incendiaires. Quinze jours plus tard, il annonçait avoir été invité à trahir au profit de l'URSS, où on lui promettait des laboratoires modernes et des salaires déments pour continuer ses passionnantes études à l'abri des tracasseries et persécutions. Hubbard refusait toutefois de nommer son contact, "trop haut placé au Capitole".

Ayant refusé les appels du pied du Rideau de Fer, Hubbard donna pendant l'été une série de conférences dans les locaux de " l'Académie des Arts et Sciences religieux", une autre de ses créations. Le 7 Septembre, il se plaignit auprès du FBI de persécutions dirigées contre les scientologues dont certains perdaient inexplicablement la raison, sans doute par l'administration de LSD, " la drogue qui rend fou et dont abuse l' American Psychological Association".

Il se prétendait attaqué par des avocats et magistrats répandant sur son compte des "rumeurs calomnieuses " et osant "mettre en doute sa santé mentale ". Il annonçait en outre qu'il travaillait à des monographies sur des sujets dont il était spécialiste, " la physique nucléaire et la psychologie ", afin de soulager les victimes d'irradiations. Il prétendait enfin posséder des informations exclusives sur les plus récentes méthodes de lavage de cerveau utilisées par les Soviets.

Depuis la fin de la guerre de Corée, l'Amérique avait une marotte pour le lavage de cerveau. Se jetant sur l'occasion, Hubbard publia donc une brochure "Lavage de cerveau : synthèse du Manuel soviétique de psychopolitique", présentée comme la transcription d'instructions données aux services du KGB par Lavrenti Beria, son chef.

Après examen du document, le FBI déclara son authenticité pour le moins douteuse les lecteurs habituels de L. Ron Hubbard y verraient de troublantes similitudes de style et de vocabulaire. Le FBI ne donna pas suite, son silence n'empéchant pas Hubbard d'expédier sa brochure apocryphe à des milliers d'organismes et de personnalités influentes, en se prétendant "autorisé' à la diffuser après l'avoir communiquée au FBI. Sa correspondance avec le FBI n'empêchait pas Hubbard d'étendre son contôle sur le mouvement et d'inciter ses membres à poursuivre impitoyablement quiconque s'aviserait de pratiquer la Scientologie hors de "l'église ". Il fustigeait les apostats qu'il conseillait de réduire à merci: " On peut utiliser la loi de façon efficace pour harceler l'adversaire, écrivit-il dans un de ses bulletins de liaison. Un harcèlement bien conduit suffit dans la plupart des cas à le décourager et à le neutraliser professionnellement Si possible, ruinez-les carrément. Il donnait aussi ses conseils aux scientologues assez malchanceux ou maladroits pour se faire arrêter : ils devaient immédiatement intenter des poursuites en dommages et intérêts pour "brutalités envers un paisible homme de Dieu" et pousser la contre-offensive "avec force, ardeur et habileté jusqu'à ce que juges et policiers s'excusent ". La meilleure défense, écrivit-il, c'est l'attaque : " Si jamais vous l'oubliez, vous perdrez toutes les luttes dans lesquelles vous vous engagez".

Il collera au plus près à ce principe jusqu'à la mort.

Fin Septembre, les Hubbard reprirent le chemin de Londres pour un séjour prolongé. Hubbard avait loué un grand appartement à Brunswick House, ensemble résidentiel de Kensington, qui devint le siège temporaire du Centre de Communications grâce auquel Hubbard gardait le contact avec les groupes de scientologues qui se formaient à l'étranger.

Des Églises existaient déjà en Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande.

Dès son arrivée, Hubbard prit en main la direction de l' HASI, toujours installée dans ses locaux miteux de Holland Park Avenue. L' Association s'était considérablement développée depuis sa création et comptait désormais vingt auditeurs à plein temps parmi lesquels le jeune Cyril Vosper, étudiant en biologie devenu auditeur à vingt ans après avoir découvert la Dianétique à dix-neuf. "L'arrivée d'Hubbard à Londres fut pour moi un événement historique, se souvient-il. J'étais convaincu qu'il avait du génie et qu'il en savait plus que n'importe qui sur la nature humaine. Ce qui me chiffonnait c'est qu'il n'avait pas du tout l'allure d'un Messie... Il se fringuait comme un touriste américain : vestes à carreaux, cravates horribles, bref, il n'avait pas l'air d'être ce qu'il disait. A HASI, l'atmosphère était vraiment sympa et nous nous appelions par nos prénoms, Ron y compris, mais c'était incontestablement lui le patron. J'avais lu "Une Histoire de l'Homme " et, étant étudiant en biologie, je savais que ça ne tenait pas debout ; je considérais ça comme une oeuvre allégorique.

En tout cas, je ne lui aurais jamais dit : ", Écoutez, Ron, ce que vous dites là n'est pas vrai" Personne n'aurait jamais osé faire une chose pareille. Ses sautes d'humeur ont commencé à me gèner. Il pouvait être gentil à un moment et devenir odieux ou même cruel la seconde suivante."

En dehors de ses crises de colère, Hubbard était très satisfait de son séjour à Londres, ainsi qu'il l'écrivit à Marilyn Routsong, une assistante chargée de veiller sur ses affaires à Washington : Il lui annonça aussi une étonnante nouvelle : "Tout à fait entre nous, je dispose d'une méthode pour " as-iser" la bombe atomique. En scientologais, " l'as-isness " était un processus censé faire disparaître quelque chose pour de bon. Hubbard se vantait-il de débarrasser la Terre entière des armements nucléaires ? En tout cas, son processus ne devait pas être très au point car il allait bientôt appliquer les pouvoirs infinis de son imagination au problème des radiations.

Les Hubbard avaient retrouvé à Londres leur ami Ray Kemp, revenu de Phoenix, et sa fiancée Pam, tous deux bossant pour HASI. "Pasteur de son Église, Hubbard célébra leur mariage en Février 1956, leur offrit des billets d'avion et leur procura un appartement à Tanger pour leur voyage de noces. Au retour du jeune ménage, les deux couples se fréquentèrent régulièrement.

Admirateur toujours aussi inconditionnel d'Hubbard, Kemp passait de longues soirées à jouer avec lui au Cluedo, ou organisait des surboumes qu'Hubbard animait en dansant, en chantant et en jouant de la guitare. Fin Mars 56, Ray Kemp partit avec lui à Dublin : Hubbard voulait régler à lui seul la "question irlandaise ", mais cette tentative resta sans effet. De retour à Londres, Hubbard s'appliqua à promouvoir son Église en faisant paraître dans la presse du soir une annonce comportant un numéro de téléphone et la garantie de "pouvoir parler de tout avec n'importe qui " . Du fait de la solitude des villes, l'Association fut submergée d'appels allant, selon Kemp, " de candidats au suicide à des filles qui ne savaient pas qui épouser." Le succès de cette campagne incita Hubbard à cibler sa prospection sur les personnes vulnérables, en commençant par les victimes d'une des maladies les plus redoutées de l'époque, la poliomyélite ! Les polios furent bientôt suivis par les asthmatiques et arthritiques, à qui une "Fondation de Recherche sans but lucratif" offrait ses services. Avec un bon goût aussi remarquable, cette méthode de recrutement fut étendue à tous les souffrants, quels que soient leurs malheurs, dont on relevait les noms dans les faits divers ou les faire-part de décès.

A l'été 56, la Scientologie prospérait et son fondateur touchait enfin ses dividendes : pour l'année fiscale se terminant à fin juin 56, Hubbard déclara des revenus bruts de 102 604 dollars, ce qui n'est pas rien.

L'Église de scientologie ne lui versait qu'un salaire nominal de 125 dollars par semaine, mais il touchait des commissions sur les ventes des cours imprimés et des électromètres, sans oublier les droits d'auteur de ses innombrables publications : soit soixante livres de L. Ron Hubbard sur la Scientologie... et il en paraissait en moyenne un tous les deux mois, traitant le plus souvent de nouvelles procédures qui rendaient caduques les précédentes.

La Scientologie pouvait aussi se permettre de lui payer ses aller-retours vers les autres pays: pendant cette même année, Hubbard fit la navette entre Londres et Washington, où il empochait au passage des honoraires de conférencier. En Novembre, il transféra l'Académie des Arts et des Sciences religieux devenue entre temps Académie de Scientologie dans deux maisons voisines d'un quartier résidentiel de Washington et loua pour sa famille une troisième maison proche. En Mars 57, l'Église de scientologie modifia son mode de rémunération. Hubbard ne percevait désormais plus de salaire mais un pourcentage sur les recettes brutes, mesure contractuelle au résultat intéressant : les revenus annuels du fondateur de la Scientologie atteignirent ainsi 250 000 dollars... nettement plus que ceux du Président des États-Unis. En Avril, ayant sans doute renoncé à "as-iser " les armes nucléaires du monde entier, Hubbard présida un congrès sur le danger des radiations nucléaires. Grâce aux talents conjugués d'un "docteur en médecine" et d'un "physicien nucléaire", les travaux du congrès furent ensuite résumés, en un ouvrage intitulé "All about Radiations ". Le toubib était anonyme, mais le " physicien nucléaire " était bien sûr le célèbre L. Ron Hubbard qui affirmait, par exemple, qu'un mur de quatre mètres d'épaisseur ne pouvait pas arrêter les rayons gamma alors que le corps humain en était capable, déclaration qui amènera un éminent radiologue à rétorquer que ça prouvait de la part d'Hubbard "une ignorance absolue des lois élémentaires de la physique et de la médecine ".

Fidèle à son principe que les maladies sont d'origine mentale, Hubbard disait aussi : "Le danger, se situe moins dans les radiations... que dans l'hystérie qu'elles provoquent." Les radiations, ajoutait-il, "sont un problème plus mental que physique. En tout cas, l'humanité ne devait pas s'en soucier car Hubbard-Zorro avait inventé un cocktail de vitamines, baptisé " Dianazène ", censé non seulement protéger des radiations, mais "immuniser contre elles... et éliminer la plupart des cancers à leurs débuts ". Dans la seconde partie du livre, sous le pseudonyme de Medicus, le docteur confirmait que "les récents travaux d'Hubbard et de la Scientologie indiquent que de simples composés vitaminés peuvent se montrer efficaces à certaines doses".

Aux États-Unis, la toute-puissante Food and Drug Administration (FDA) y vit une publicité mensongère tombant sous le coup de la loi :les agents de la FDA saisirent à Washington 21000 comprimés de Dianazène dans les locaux du Distribution Center Incorporated, filiale de la Scientologie, et procédèrent à leur destruction. En Juillet 57, Hubbard prit la parole à Washington devant le "Congrès de la Liberté " programmé à l'Hotel Shoreham. Il y procéda pour la première fois à un"baptême scientologique ", cérémonie destinée, expliqua-t'il, à "aider le Thétan à s'orienter dans son nouveau corps. Rituel simpliste et paternaliste - un paternalisme qu'Hubbard ne manifestait guère à ses propres enfants. Nibs ne parvenait jamais à contenter son père et sa soeur Catherine, alors âgée de vingt et un ans, ne le voyait presque jamais. En 56, elle avait épousé un scientologue qui ne plut pas à Hubbard, de sorte qu'elle dut divorcer un an plus tard. Quant à Alexis, la fille de Sara, il n'essayait même pas de la revoir. Le même mois, la Central Intelligence Agency (CIA) ouvrit sous le numéro 156409 un dossier sur L. Ron Hubbard et son organisation. Les agents de la CIA fouillèrent toutes les archives de la police, du fisc et des banques, ainsi que les registres du commerce et les titres de propriété, afin de débrouiller l'écheveau des affaires publiques et privées d'Hubbard, un boulot monstre, la scientologie s'étant retranchée dans véritable labyrinthe de filiales et de sociétés écrans. Ainsi, le papier à lettres de l'Académie de Scientologie ne mentionnait pas moins de dix-sept organismes affiliés, allant de l' American Society for Disaster Relief (Association américaine de secours aux victimes des catastrophes naturelles) à la Society of Consulting Ministers (Association des conseillers pastoraux).

Les agents parvinrent à attribuer certaines propriétésà Hubbard, sa femme, son fils ou l'une des " Églises " du réseau, mais ils se perdirent très vite dans la ramification des noms, des raisons sociales et des adresses de locaux, loués ou achetés par les uns ou les autres et souvent utilisés par des tiers :"On dénombre aux ÉtatsUnis, cite le rapport, plus de cent Églises de cette dénomination." Un agent s' était vu attribuer la lecture pénible de toutes les oeuvres d'Hubbard déposées à la Bibliothèque du Congrès afin de "comprendre la scientologie de l'intérieur". Les écrits d'Hubbard, notait-il, comportent de nombreux mots incompréhensibles au profane, peut-être à dessein.

Les services des impôts directs du District de l'état de Columbia firent savoir à la CIA qu'ils soupçonnaient la Scientologie d'avoir adopté le statut d'église à seule fin de bénéficier d'exemptions fiscales; alors que de leur côté, les contributions indirectes avaient maintes fois demandé sans succès à l'église de produire les documents comptables permettant d' établir l'assiette des taxes foncières auxquelles elle était assujettie. Faute de preuves de réelles malversations, la CIA dut finalement se contenter d'une liste de vagues soupçons. Plus étonnant, son enquête ne révéla presque rien de la remarquable carrière du fondateur de l'Église de scientologie, un exemple typique du manque de coordination entre services officiels, car les agentsdu FBI auraient certes pu renseigner leurs collègues à la CIA. Le développement spectaculaire de la Scientologie à partir de 1957 incita toutefois les agences fédérales à redoubler de vigilance. Films, bandes magnétiques et photographies étoffèrent le dossier d' Hubbard au bureau de Washington du FBI qui, par ailleurs, relevait ses injures envers les autorités. C'est ainsi qu'il s'était laissé aller à déclarer, au cours d'une conférence, que "J. Edgar Hoover est un brave type mais complètement idiot " Les agents du FBI, qui n' avaient sans doute pas le même sens de l'humour que lui, notèrent scrupuleusement ce jugement peu flatteur sur leur supérieur et se firent un devoir de l'en informer. Sans se douter de cet intérêt fédéral pour ses faits et gestes, Hubbard resta à Washington donner une série de cours à l'Académie et fit revenir Mary Sue et les enfants de Londres. Encore enceinte, Mary Sue fut nommée directrice de l' Académie et recommença à gérer l'ensemble de l'organisation. Le 6 Juin 1958, elle accouchait du quatrième, un garçon nommé Arthur Ronald, roux comme ses frères et soeurs. Hubbard consacra la plus grande partie de 1958 à ses conférences de l'Académie. Dans l'une d'elles, il retrace l'historique de la Dianétique et de la Scientologie, dans un récit où il mêle anecdotes et plaisanteries pour la plus grande joie du public qui rit et applaudit sans cesse. Il s'agit, en fait, de l'histoire de sa propre vie, corrigée par son imagination et enjolivée d'aventures choisies plus pour l'effet que pour apprendre la vérité.

C'est ainsi qu'il s'étend sur les enseignements de "Snake Thompson " qui le familiarise avec la psychanalyse freudienne, décrit son initiation aux mysticismes de l' Asie, ses prouesses aux examens auxquels il se préparait en lisant ses livres la veille au soir, sa "découverte en 38 que l'instinct de survie est le dénominateur commun de toutes les formes de vie, sans oublier ses triomphes à Hollywood, ses glorieuses campagnes et ses blessures de guerre. Ses mots les plus révélateurs sur lui-même au cours de cette conférence se trouvent sans doute dans un aphorisme du "Commandant Thompson : " Ce qui n'est pas vrai pour toi n'est pas la vérité ", principe tout à fait en correspondance avec sa propre philosophie, expliqua Hubbard, parce que " s'il y a une personne au monde qui ne croit que ce qu'il veut bien croire, c'est moi . Jamais L. Ron Hubbard n'aura été si vrai avec l'auditoire. En Octobre, il retourne à Londres diriger un cours de "recherche clinique avancée", dans les nouveaux locaux luxueux de l'HASI, situés dans le West End.

P. Cyril Vosper, qui venait y passer un doctorat de Scientologie, remarqua un net changement dans l'apparence de Hubbard : "Ses oripeaux voyants faisaient place à des complets gris et à des chemises de soie. Il avait une allure d'homme d'affaires prospère et distingué. Les étudiants du cours s'occupaient surtout d'étudier leurs " vies antérieures". Influencés par les descriptions de celles d'Hubbard sur des planètes lointaines, avec pistolets à rayons, soucoupes volantes, vaisseaux intersidéraux, fédérations galactiques et autres fariboles, celles de ses élèves, se souvient Vosper, ressemblaient de plus en plus aux aventures de Flash Gordon. Nibs, l'un des instructeurs, se révéla bientôt fort utile dans ce domaine : " Si quelqu'un avait du mal à "retrouver" sa vie antérieure, se souvient Vosper, Nibs la lui soufflait. Il fallait absolument pouvoir raconter une vie antérieure complète... si on voulait passer pour un vrai scientologue. On rivalisait de vies antérieures plus extraordinaires ou plus célèbres les unes que les autres. Jésus avait beaucoup de succès : j'en ai connu au moins trois qui se rappelaient avoir été crucifiés. La reine Elizabeth Première, Sir Walter Raleigh et autres personnages historiques faisaient aussi recette.

Le plus étonnant, c' est que personne n'avait jamais été Attila ou Ponce Pilate. Rentré à Washington pour Noël, Hubbard se prépara dès le Jour de l'An à regagner Londres. Ray et Pam Kemp, qui déménageaient, lui proposèrent leur maison au nord de Londres, où Hubbard s'installa fin Février avec Mary Sue et la famille au grand complet: Diana, six ans, Quentin, cinq, Suzette, quatre ans, et Arthur, huit mois. " Ma fille Suzanne est née le jour de l'anniversaire de Ron, se souvient Pam Kemp. Ron m'a offert un ravissant châle en angora parce que, disait-il, on fait des cadeaux au bébé mais on oublie toujours la mère. C'était typique de sa part. Ce qui était encore plus typique, ajoute-t-elle, c'est qu'il ne nous a jamais payé un sou de loyer et qu'il nous a laissé sa grosse note à règler chez l'épicier d'en face. Et puis, un jour, il est arrivé ravi et tout excité en nous disant : " Devinez ce que je viens de faire! " "Et Ron annonça à ses amis ahuris qu'il avait acheté le château du Maharajah de Jaïpur dans le Sussex, au Sud de Londres.


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