La Reconciliation (1964)

 



Allemagne ciné zero

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Car à «Film», on bouge un peu. A preuve l'équipe Thome-Zihlmann (et Lemke) qui a fait un joli 16 mm, histoire d'un homme marié qui va draguer à la foire d'octobre. Il y rencontre une jeune femme (enceinte - pas mariée - mais qui aime les enfants) et il lui parle des difficultés et incertitudes des relations intersexuelles. «Je dois vous paraître un peu fou », dit-il à la fin.« Non, dit elle: vous êtes marié.» Et elle part à son tour sur le même sujet, dans un discours qui reprend mot pour mot un paragraphe du «Male and Female», de l'ethnologue Margaret Mead. Lui, il rentre coucher avec sa femme. Cela s'appelle Die Versöhnung - La Réconciliation.

C'est du cinéma souple et direct. C'est l'air du temps ressenti là-bas comme ici. Mais, bien sûr, il a fallu que Godard passe par là pour donner l'impulsion libératrice. En ce sens, le film est donc quelque peu référentiel, mais ses qualités sont réelles. En outre, cette petite équipe, par la rapidité et la précision de son planning, risque d'avoir une certaine efficacité - à condition, bien sûr, de durer. Mais il est probable que, même si l'un des trois devait abandonner (ce que souhaitent déjà les penseurs en place: Zihlmann, suspect de passion et d'idéalisme, est considéré comme un mauvais critique, et qui ne saurait faire du bon cinéma), même si un deuxième devait se faire bouffer (la Bavaria est toujours aux aguets), il en resterait bien un pour reprendre le flambeau.

Michel Delahaye dans Cahiers du Cinéma, No 163 Fevrier 1965